CHIBANIS – LA QUESTION, Luc Jennepin appelle à la reconnaissance et à la justice

« CHIBANI »  (« CHIBANIA » au féminin) : en arabe maghrebin signifie « Cheveux blancs »,
par extension : personne âgée

HOMMAGE AUX CHIBANIS
À LIVRESSE
Samedi 4 février de 15h à 18h

En marge du 1er Festival photographique
de Monflanquin
« VOIX de l’image » (3, 4 et 5 février)

Luc Jennepin dédicace
« CHIBANIS – LA QUESTION »

 son ouvrage synthèse de son périple en France l’ayant mené avec son exposition
à l’Assemblée Nationale le 29 mars 2016

Chibani au masculin, chibania au féminin. Un terme respectueux pour désigner les personnes âgées dans les pays du Maghreb.
En France « CHIBANIS » désigne les immigrés maghrébins de la première génération, arrivés en France au début des années 1960 pour y travailler, et qui ont fait le choix, la retraite venue, de ne pas retourner dans leur pays d’origine.
Population socialement invisible et politiquement muette, ils doivent rester en France pour continuer à toucher pensions et retraites qu’ils renvoient en partie à leurs proches restés au pays.
Luc Jennepin éclaire cette face de l’immigration, et rend hommage à ces hommes à travers la force saisissante des photos.
Magyd Cherfi et 10 autres artistes ou témoins volontaires apportent leurs mots pour accompagner cette aventure pour la reconnaissance et la justice

Un livre Hommage, Un livre Mémoire,
un livre Beauté, un livre Tolérance
un livre Engagement,
un livre vibrant d’humanité
un livre appel


Pour une approche plus complète sur la démarche de Luc Jennepin, consulter ci-dessous un des nombreux articles parus sur son exposition qui a abouti à ce livre magnifique :

Eklektika :

‘Chibanis’ par Luc Jennepin : ‘La question’ (ex)posée à Bayonne

Chibani au masculin, chibania au féminin. Un terme respectueux pour désigner les personnes âgées dans les pays du Maghreb. En France, cette même vénérabilité ne leur est pas offerte, quand bien même l’Hexagone a su tirer profit de ces premières générations d’algériens et de marocains, incités à venir au moment des Trente Glorieuses, dans un pays détruit par le Seconde Guerre mondiale, et faire face à la demande de main d’oeuvre.

La dignité de ces vieux, pour la plupart installés de façon permanente dans le mode de vie précaire des foyers Sonacotra, le photographe méditerranéen Luc Jennepin a entrepris de leur en offrir, le temps d’une prise photographique, avec l’exposition Chibanis : la question.

En route pour l’Assemblée Nationale pour le 1er mai, il a trouvé auprès de l’Ecole d’Art de Bayonne et d’Eklektika la possibilité d’exposer ces magnifiques portraits en noir et blanc, les mardi 14 et mercredi 15 avril.

Pour poser ici aussi la question des conditions d’existence de ceux-là qui, pour continuer à toucher pensions et retraites qu’ils ont gagnées et méritées, sont condamnés pour cela à rester en France, loin des leurs.


 

Cela a commencé par quelques pas dans la galerie d’expo du Village Emmaus Lescar Pau, il y a quelques jours à peine, devant ces imposants portraits. Puis un premier coup de fil.

Il n’a fallut que quelques minutes à Frédéric Duprat, Directeur de l’École d’Art de Bayonne. Une écoute attentive du récit de la rencontre par Eklektika, quelques instants plus tôt, avec le travail photographique intitulé Chibanis : la question, signé Luc Jennepin.

Et un coup d’oeil sur le site qui porte sa traversée de la France, commencée fin mars dans l’Hérault, jusqu’à Paris et l’Assemblée Nationale, le 1er mai prochain.

Jusqu’à ce « oui, peut l’accueillir sur sa route, bien entendu », deux jours d’arrêt ici, les mardis 14 et mercredi 15 avril.

Frédéric Duprat et Luc Jennepin ne se connaissent pas, même si le second est un photographe réputé, qui intervient à l ‘Ecole d’Art de Montpellier.

Pourtant, ces deux-là savent déjà que, dans leur première poignée, ils seront d’accord sur l’essentiel : la culture est un art de l’échange, cela ne fonctionne pas, sinon.

Et cet échange ne peut pas vivre sans instincts, sans conscience de ces petits moments où le regard de l’autre alimente le vôtre.

Celui de Luc Jennepin est remarquable, photographe attentif et précis, auteur de nombreux portraits impressionnants de lumière, de contrastes.

Mais ce n’est pas ça ce qui, aujourd’hui le distingue d’autres talents.

A la technique maitrisée, Luc Jennepin a superposé sa propre lumière, qu’on ne mesure pas en Iso mais en élan du coeur.

Ces vieux, ces vieilles, il les a rencontrés pour la première fois du côté de Montpellier, il a écouté les histoires portées par ces premières générations d’Algériens et de Marocains, venues aider la France à combattre l’Allemagne nazie, puis la pénurie de main d’oeuvre, au moment des Trente Glorieuses, quand ce pays qui n’était pas le leur était à reconstruire.

Ils sont accepté l’éloignement avec leurs conjoints et enfants au pays, et puis la misère de leurs modes de vie dans des foyers. Jusqu’à ce regard sur eux qui, avec les années de raidissements, a fait d’un mot noble, les Chibanis, le symbole de vieux riens du tout, qui ne compteraient pas.

Alors, pour le court instant d’un cliché, il les a installés sur un trône, sur fond noir, assis sous une lumière qui éclaire autant leurs visages sans colère que leur dignité.

Les prises de vues se sont multipliées, il en a tiré 70 grands portraits. Magyd des Zebda et le grand saxophoniste Louis Sclavis ont vite rejoint le projet.

Luc a réfléchi, et il a fait un premier choix, celui d’accoler « la question », au mot Chibanis.

La poser revient à rappeler que cette population invisible et muette doit rester en France jusqu’à la mort. Ou bien accepter de ne plus percevoir ces pensions et retraites qu’ils ont gagnées et méritées, et qu’ils ont renvoyées toutes leurs vies durant aux proches restés au pays.

Et le deuxième choix vaut la peine de se rapprocher de l’Ecole d’Art de Bayonne ces mardi et mercredi : Luc y est avec toute sa famille, même le vieux l’a accompagné, quand il leur a expliqué qu’il fallait aller monter là-haut, jusqu’à Paris, pour montrer ces rois de papier, et déposer la question sur les marches de l’Assemblée Nationale.

Cela prendra tout le mois, et Luc a filé son boulot et ses clients à ses potes, en attendant son retour.

Il n’a rien préparé à l’avance, il dirige la caravane à l’instinct. Il a rencontré celui de ce Pays Basque, qu’il espérait mêler à cette aventure, il a avoué être ravi.

Il repartira jeudi matin, vers Bordeaux, avec la conviction qu’il faut croire en son instinct, en son étoile ou au hasard, il mettra un truc comme ça dans son journal de bord


 

http://www.eklektika.fr/chibanis-la-question-luc-jennepin-bayonne-ecole-art/