Petit rappel : « La petite fille aux ballons » de Colette Berthès, Chronique de la douleur de vivre en Palestine

Jeudi 6 octobre 2016
à 18h

En partenariat avec le Comité Palestine 47 AFPS
Rencontre – Débat – Dédicace
à la librairie Livresse
avec Colette Berthès

Vivre en Palestine
De la douleur au quotidien
jusqu’au sacrifice extrême

Editions Riveneuve :

Dans ce livre Laïla enquête. De Bethléhem à Hébron en passant par Ramallah, de villes en camps de réfugiés, auprès de sa famille et auprès d’inconnus, elle suit la piste de sa fille Amal. Cette mère désespérée mais lucide veut comprendre. Pourquoi, comment et avec qui sa fille, jeune avocate moderne, a-t-elle mené une opération suicide à Jérusalem-Ouest ? À travers sa quête, ses rencontres, ses découvertes, c’est l’actualité de la Palestine qui se dévoile, vue et vécue au quotidien au plus près des gens ordinaires. C’est aussi l’Histoire, lointaine ou récente, qui est retracée avec son cortège de guerres, d’occupations, d’intifadas, d’espoir de paix et de désenchantement. Une fiction haletante, tellement nourrie de réalités qu’elle permet de cerner ce que l’actualité brouillonne nous empêche de comprendre. Elle raconte avec justesse les répercussions de ces événements sur une société déchirée qui aspire à vivre libre.

Après des études en langues orientales et en journalisme, Colette Berthès vit et voyage entre son Quercy natal et le Moyen-Orient, engagée dans des associations pour les droits de l’Homme et l’abolition de la peine de mort. Elle est l’auteure chez Riveneuve de L’exil et les barbelés (2011) sur les républicains espagnols internés au camp de Septfonds et de La machine à tuer (2013) sur la justice au Texas. Elle a également publié plusieurs romans sur la région toulousaine.

 

À la fin de la séance : le pot de l’amitié
offert par le Comité palestine 47
et la librairie Livresse

Commentaires et extrait de « la petite fille aux ballons » qui sera présenté et dédicacé par Colette Berthès :

« Comment continuer à vivre, au jour la jour, dans un pays tenu sous une occupation de plus en plus dure et une spoliation des terres et des droits humains, et ce depuis plus de cent ans, sans désespérer ?

Au delà de la fiction racontée dans « La petite fille aux ballons »- Laïla, une mère lucide et désespérée enquête pour comprendre pourquoi et comment sa fille aînée, une jeune avocat promise à un bel avenir, s’est fait exploser à Jérusalem- ouest au milieu des soldats israéliens- c’est l’actualité de la Palestine qui se découvre.
L’histoire, écrite en hiver 2015, se passe au printemps de cette année-là. Elle raconte le quotidien au plus près des gens ordinaires et ce quotidien, le même que celui de l’an passé et encore des années d’avant, qui sera celui de demain et d’après -demain- permet de comprendre les évènements dramatiques actuels : de jeunes gens et jeunes filles sans espoir qui attaquent au couteau ou aux ciseaux, ou en voiture, ou avec de simples pierres, des militaires, des policiers, des colons sur-armés et protégés, en une sorte de suicide mêlant désespoir et révolte.
….
Nourris par l’indifférence et la lassitude communément partagée face aux guerres qui alimentent l’actualité de leur macabre routine, on feint d’oublier que ces vies brisées par la souffrance sont celles de nos semblables. Et que l’amour d’une mère ne saurait se résigner à la fatalité quand sa fille, jeune avocate moderne, se fait exploser à Jérusalem dans un attentat suicide : comprendre à tout prix donnera alors un sens à la vie de Laïla…
Avec La petite fille aux ballons, Colette Berthès nous entraîne dans une quête de vérité qui, si elle n’était pas romancée, pourrait bien avoir valeur de témoignage. Car c’est de la Palestine, des camps de réfugiés, des intifadas vécues comme autant d’espoirs de liberté, des vies de combat et du quotidien d’un peuple en perpétuel bouillonnement dont il est question ci. Un roman d’une actualité saisissante, qui puise dans l’histoire du Proche-Orient les ferments du récit, entre rencontres et découvertes.

Beaucoup de rythme dans cette aventure haletante, une écriture franche et une sensibilité à fleur de peau dessinent des personnages auxquels on s’identifie d’autant mieux que la fiction rattrape la réalité.
Humaniste, très impliquée dans des associations de défense des droits de l’Homme, militante de l’abolition de la peine de mort, Colette Berthès a signé des ouvrages sur les républicains espagnols (L’exil et les barbelés, 2011) ou la justice au Texas (La machine à tuer, 2013), aux éditions Riveneuve. Et c’est en voisine, depuis le Quercy, qu’elle compose ses romans bâtis d’amour de la liberté.
On adoptera La petite fille aux ballons autant pour le plaisir de la lecture que pour l’indispensable besoin de comprendre le monde qui est le nôtre. »
c.c.


« (…) Elle regarde longuement les deux gros bagages contenant les affaires d’Amal, son sac et sa valise prêtée par Myriam. Elle ouvre la valise et voit, rangée sur le dessus, la robe brodée et la vieille ceinture de mariage ; Laïla tourne, retourne la robe -elle se souvient comme Amal était belle dans ce costume- rageusement, elle la jette sur le petit lit. Bien, elle donnera la ceinture à Assifa, qui est maintenant l’aînée, et la robe à Yasmine qui, plus tard la portera pour danser, elle qui rêve d’intégrer la prestigieuses école de danse traditionnelle des Artistes populaires, à El Bireh. Quant aux autres vêtements de leur sœur, ils iront aux bonnes œuvres de la mosquée. Elle ouvre ensuite le gros sac : une bonne douzaine de livres, de la poésie surtout, Darwich, Samih Al Kassem, Fadwa Tuqan, des jeunes poètes aussi qu’elle ne connaît pas -quand aurait-elle le temps de lire de la poésie ? Elle les pose sur le tapis, puis elle sort plusieurs cahiers, des dossiers où elle reconnait l’écriture de sa fille, tout ce qu’il reste d’elle ; en longueur, au fond du sac, elle découvre un tube de carton. Elle en sort une affiche roulée et, avant même de la déplier, elle sait ce qu’elle va découvrir. C’est bien ça, la petite fille aux ballons : sa silhouette noire, menue, s’élance vers le haut du mur, suspendue à un bouquet de ballons. Au-dessous d’elle, sur le gris du mur, Amal a tracé une courte phrase, au feutre rouge « M’envoler par-dessus le mur pour retrouver mes rêves ».

Si La petite fille aux ballons propose une vision factuelle de la société palestinienne, il s’agit pour autant d’une fiction captivante, entre sincérité et sensibilité. Un roman à lire, non pas pour répondre à des questions, mais parce qu’il permet le temps de sa lecture de s’envoler un peu par-dessus le mur…

Mireille SANCHEZ