Petit rappel : « Un homme doit mourir » : Noir et aveuglant de vérité

Librairie Livresse
jeudi 30 novembre 2017
Pascal Dessaint présente et dédicace
son nouveau roman noir
« UN HOMME DOIT MOURIR »

 

« Le roman noir surtout s’interroge sur le monde qui va mal et restitue une forme de peur. Et la nature, oui, est un thème récurrent. C’est même pour moi la question essentielle. La planète va mal et c’est surtout de notre faute, il n’y a pas besoin d’être écologiste pour le constater… Les tragédies industrielles, le réchauffement climatique, la misère humaine qui en résulte, l’appauvrissement de notre monde…  On a du souci à se faire ! Et l’humain est au coeur de tout ça, responsable et victime. Le polar, c’est un regard porté sur le désastre et la nécessité de témoigner et de s’indigner, c’est une littérature critique et responsable. » Pascal Dessaint

Pascal Dessaint est un ami de Livresse venu 3 fois dédicacer ses ouvrages, mais aussi un auteur fidèle des manifestations littéraires de Villeneuve-sur-Lot organisées par la ville ou par les précédents libraires. Beaucoup d’entre vous le connaissent et ont lu avec intérêt et enthousiasme une grande partie de ses 25 ouvrages déjà parus, souvent en effet noirs et sous le signe de la défense de la nature et de l’environnement dans le cadre d’une fiction romanesque habilement construite.

Son nouveau roman « UN HOMME DOIT MOURIR » (Éditions Rivages) s’inscrit bien dans cette ligne, mais là encore Pascal Dessaint innove et surprend. D’abord par un aspect pédagogique encore plus visible, mais aussi par le ton impératif et sans concession sur l’urgence à réagir aux situations destructrices engagées par l’homme lui-même sur son sol nourricier. C’est un véritable coup de gueule, une « alerte » comme nous disons maintenant, que cet auteur lucide et engagé nous livre au travers de cette histoire humaine, trop humaine!
Pascal Dessaint est un homme extrêmement sympathique, tolérant, ouvert, qui va au devant de ses lecteurs parce qu’il les aime ces humains qui ont les solutions à leurs problèmes entre leurs mains ; mais il ne contournera pas les convictions qu’il s’est forgées à force d’ »observations » de la nature humaine, en bon scientifique ornithologue qu’il est; pour se faire entendre c’est le chemin du roman noir qu’il emprunte, là où il excelle!

Pascal Dessaint sera présent
à la librairie Livresse

ce jeudi 30 novembre dès 16h

Vous pourrez le rencontrer individuellement
et vous faire dédicacer son nouveau roman

 

Et de 18h à 20h

c’est à un public réuni qu’il s’adressera
pour présenter son livre, en lire quelques extraits
et se prêter à la discussion
autour des thèmes qui en sont au centre.

À l’issue de ce moment d’échanges
Pascal Dessaint dédicacera son livre
et le pot de l’amitié sera offert par Livresse

 

 

Pour vous, lecteurs convaincus ou curieux, quelques critiques sur « UN HOMME DOIT MOURIR » :

ACTION-SUSPENS LE NOCHER
26 septembre 2017
Pascal Dessaint : Un homme doit mourir (Éd.Rivages, 2017)

Ça se passe entre les dunes de la côte atlantique et les forêts de pins, dans un site naturel en grande partie préservé. Des lieux menacés depuis qu’un groupe industriel a lancé le projet d’une unité de stockage de matières dangereuses. Des zadistes se sont installés sur le secteur visé par cette destruction annoncée, génératrice de pollution. C’est à un autre niveau que certains, comme le nommé Pépé, cherchent des arguments pour contrer le désastre écologique. Par ici, on trouve encore une libellule très rare, espèce à protéger. Un atout pour le rapport des experts évaluant l’impact négatif du futur stockage. Pourtant, les initiateurs du projet ne renoncent évidemment pas. Une équipe de scientifiques a été engagée, afin que la contre-expertise leur soit favorable. Leurs bureaux provisoires se situent dans une ancienne école de la région.

Âgé de trente-six ans, Boris est naturaliste de profession. Logeant chez Florent et Jeanne, dans un gîte des environs, il appartient à cette équipe de contre-expertise. Il éprouve une sympathie certaine pour son confrère Pépé, amateur d’huîtres comme lui. Qu’une libellule contrarie l’envahissant projet de stockage, ça ne lui déplaît pas. Entouré de personnes qui aiment sincèrement la nature, appréciant la faune et les décors locaux, Boris glisse peu à peu du côté des défenseurs de l’environnement. L’homme qui rôde dans le coin, il l’a vite reconnu, bien que l’ayant jusqu’alors peu fréquenté. C’est son oncle Clément, qui a une réputation de révolté. S’il a disparu depuis quelques temps, il n’est pas mort. Sa présence dans la région ne doit sûrement rien au hasard. Quand il entre en contact avec Boris, c’est pour lui expliquer son but… meurtrier.

Il existe une verrue dans le paysage dunaire. Cette villa construite par le riche Raphaël est délibérément destinée à gâcher la beauté de la côte. Le propriétaire s’est assuré le soutien d’Horace, le maire, pour bâtir cette horreur. Certes, au nom du respect de la Loi Littoral, une plainte n’est pas exclue. Ce dont se fiche éperdument Raphaël. Il a fait venir deux de ses amis. Émeric est un escroc poursuivi pour avoir monté une pyramide financière qui a ruiné les plus crédules. Pas tellement moins cynique, Alexis est exportateur de bois : un farouche partisan de la mondialisation, grâce à laquelle il s’enrichit toujours davantage. Il reste l’ami des deux autres, partageant le même mépris envers le commun des mortels. Mais le service que lui demande aujourd’hui Raphaël dépasse les normes de l’amitié. Il va devoir louvoyer pour limiter sa complicité, car il pourrait y avoir mort d’homme…

Raphaël avait posé sa villa sur le trait de côte, à plusieurs kilomètres de la station balnéaire, dernier lieu reconnu par mon GPS. Si j’avais encore douté de l’influence de mon ami, il m’aurait suffi d’essayer de répondre à cette question : comment donc, pour l’utilité ou plutôt le plaisir d’un seul individu, avait-on pu permettre de bitumer ce qui pendant longtemps s’était révélé une simple piste serpentant au petit bonheur à travers les dunes ? Quelle pression l’homme avait-il exercée ? Quelle réglementation avait-il contournée ? Quelles mains avait-il graissées ? Raphaël, sans aucun doute, avait encore beaucoup à m’apprendre sur les libertés que l’on peut s’accorder […]
La piste bitumée s’arrêtait tout net, comme un nappage de caramel qu’on aurait coupé grossièrement à la roulette. Une route qui se terminait nulle part me donnait toujours l’impression d’avoir été tracée par le Diable ou un de ses suppôts, et de conduire malgré les apparences à un précipice.

C’est « sous le signe de la nature » que s’inscrit cette histoire. Pascal Dessaint ne cache pas ses sympathies pour la défense de l’environnement. Plusieurs de ses romans évoquent des questions sur ce thème, notre monde industrialisé semblant incompatible avec le respect des éléments naturels. Certes, les autorités promettent une « transition » vers des pratiques moins dévastatrices et moins polluantes, mais on ne le constate guère au quotidien. L’avis des scientifiques s’avérant souvent contradictoire, certains étant soumis à des lobbies, ça ne paraît plus guère compter aujourd’hui. D’aucuns pensent que la solution, c’est de créer des ZAD, Zones À Défendre, dès qu’est envisagé un nouveau projet potentiellement nocif. Au risque de friser la caricature, il faut l’admettre, quand des « pros de la contestation » se joignent à ces combats, aussi justifiés soient-ils.

Pascal Dessaint n’est pas un homme sombre, un pessimiste grincheux. Au contraire, il se montre toujours assez souriant, dans la vie comme dans ses écrits. Il ne servirait à rien, il le sait évidemment, d’aligner un argumentaire démonstratif contre l’ultralibéralisme qui s’attaque sans complexe aux sites naturels. Néanmoins, en décrivant (non sans ironie) la misanthropie et les bassesses de certains fortunés, est-il loin de la réalité ? On peut croire que de tels personnages réagissent ainsi qu’il montre le trio de cyniques. Quant à Boris, le naturaliste, de quel côté basculera-t-il finalement ? C’est à travers une double narration, celles d’Alexis et de Boris, qu’évolue cette intrigue. Avec un aspect criminel, mais surtout une large part d’humanisme. Un suspense très réussi, d’autant que Pascal Dessaint est un auteur chevronné, récompensé par plusieurs prix littéraires incontestés.

 Publié par Claude LE NOCHER


CATHULU
27/09/2017
Un homme doit mourir

« – Il y a des gens et des idées qui sont comme des larves dans l’écorce des beaux arbres. »

Boris, naturaliste, rédige des rapports de contre-expertise destinés à favoriser les projets industriels controversés . Le dernier en date ? Celui d’une installation d’unité de stockage de matières dangereuses dans une les Landes, là où vit une espèce rare de libellule.S’il a vendu son âme au diable, Boris entretient paradoxalement de bonnes relations avec Pépé, odonatologue passionné, opposant bien décidé à faire de cet endroit une Zone A Défendre.
Un peu plus loin, une villa cossue défie la Nature et les lois littorales. Son propriétaire, homme d’argent et de pouvoir, y a convoqué deux de ses amis , tout aussi peu scrupuleux que lui.
Entrelaçant avec virtuosité les intrigues, Pascal Dessaint  fait la part belle à la Nature, sans pour autant négliger le côté noir de son roman. La tension monte au fur et à mesure que s’annonce une tempête et que se révèlent les enjeux.
Les personnages ne sont ici en rien caricaturaux. Complexes et riches d’humanité, ils s’interrogent sur les liens qu’entretiennent les hommes , les végétaux et les animaux, sur la nécessité  qui peut paraître dérisoire de préserver certaines espèces, constatent les vertus de la nature sur les tourments humains.
Un peu plus apaisé, l’auteur n’en perd pas pour autant son regard acéré, aussi prompt à identifier un oiseau qu’à dénoncer les hypocrisies de nos sociétés. Du grand Dessaint , tant par le style que par les réflexions qui émaillent le roman, sans jamais l’alourdir.


NYCTALOPES
UN HOMME DOIT MOURIR de Pascal Dessaint / Rivages.
28 septembre 2017

Un nouveau roman de Pascal Dessaint, c’est un événement. Déjà parce qu’il fait l’ouverture de la rentrée littéraire noire de Rivages et ensuite parce que l’auteur a déjà prouvé depuis plus de 25 ans qu’il savait écrire des polars bien troussés, impeccables, bien dans leur époque, traitant de sujets d’actualité et le plus souvent environnementaux depuis quelques années. J’avais raté quelques-unes de ses dernières livraisons et je me réjouis de renouer avec sa prose. Pascal Dessaint est, par ailleurs, un homme charmant, à l’écoute de ses lecteurs, avec qui il discute facilement dans les nombreux salons de l’hexagone qu’il honore de sa présence chaleureuse avec, parfois, une chemise tropicale du meilleur goût…

« Boris, naturaliste, est expert auprès des industriels qui veulent installer des projets controversés dans certains territoires. Il s’arrange pour que ses rapports soient favorables aux projets. Autrement dit, il a plus ou moins vendu son âme au diable. Dans un paysage de mer, de dunes et de pins, qui ressemble à Hossegor, une maison futuriste et cossue se dresse. Son propriétaire a imposé cette construction dans une nature sauvage, grâce au pouvoir de son compte en banque. Dans cette même contrée, un groupe industriel veut implanter une unité de stockage de matières dangereuses. Pour les opposants, c’est une Zone A Défendre, un conflit qui couve. »

Roman à deux voix, « Un homme doit mourir » débute par un beau prologue où Dessaint, en prenant son temps, montre sa belle plume tout en nous offrant le cadre final de l’intrigue. L’ entame laisse présager une intrigue à forte connotation écolo, défense de la nature avec des approfondissements sur une libellule dont la vie et l’implantation locale gênent les lourds desseins des industriels et mettant en scène défenseurs anonymes de la région d’une part et financiers et élus intéressés par l’appât du gain d’autre part .

Mais ce n’est que le début et en fait on a le droit à un bon polar/ roman noir bien crispant grâce au talent de Dessaint qui tisse sa toile, son piège que l’on ne voit pas forcément venir et qui trouve son aboutissement comme sa plénitude dans un huit clos étouffant lors d’une deuxième partie très nerveuse.

« Décider de tuer un homme n’est pas tout. Encore faut-il choisir le moment favorable et surtout la bonne arme. A ce moment, la question du courage reste secondaire, elle se posera bien assez tôt. »

Le roman couvre bien sûr des sujets brûlants comme les ZAD, la mondialisation, la course au fric roi, la corruption, la protection de l’environnement, le combat des humbles, les délocalisations, les migrants, tous traités avec sérieux et bien intégrés à une intrigue tendue qui font de ce roman un rendez-vous incontournable pour ceux qui veulent entendre le message d’un auteur qui sait trouver les bons arguments, apporter les infos utiles sans édulcorer la vérité, tout en maîtrise, et qui glisse des traits d’humour très fins avec un final qui s’avérera un beau pied de nez.

Juste et utile.

Wollanup.

PS: Et puis un auteur qui cite James Lee Burke et T.C. Boyle mérite respect.