Jeudi 28 avril 2016 à partir de 18h
à la Librairie Livresse
avec son premier roman
« Vers la nuit »
Isabelle Bunisset
nous ouvre une voix vers Céline
Céline, l’écrivain le plus décrié, le plus abhorré, le plus commenté, parmi les plus lus!
De qui parle-t-on lorsqu’on y fait référence?
De cet homme sombre, inquiétant, ombrageux, énigmatique?
Ou de celui-ci, souriant, ouvert, sérieux, curieux?
Lequel a écrit Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit, Féerie pour une autre fois, Nord, Rigodon…?
Bien sûr ces qualificatifs semblent éloignés de l’homme devenu médiatique dès ses premières lignes publiées!
Antimilitariste horrifié par la guerre depuis celle de 14/18 qui l’a inexorablement marqué, mais antisémite déclaré, raciste et même, misogyne et selon certains analystes d’une jalousie de nature sexuelle envers les juifs et les noirs, il n’en demeure pas moins l’écrivain génial reconnu par ses admirateurs comme par la plupart de ses détracteurs!
Isabelle Bunisset nous parle aussi de tendresse et de dérision!
Docteur ès lettres, enseignante à l’Université de Bordeaux, critique littéraire à Sud-Ouest, chroniqueuse au Figaro magazine, Isabelle Bunisset, avec un premier mémoire de maîtrise sur « Mort à crédit », a consacré dix ans de sa vie universitaire à la réalisation d’une thèse sur « La dérision dans les premiers romans céliniens ».
Fan de corridas, des affinités classiques avec Flaubert, d’abord orientée vers Brassens, Brel et Déproges pour la préparation d’un DEA, les rires déclenchés par « Mort à crédit » l’on fait basculer définitivement dans les sillages littéraires tracés par Céline!
Plus de 10 ans passés en sa compagnie, elle le connait jusqu’au bout de ses ongles de rapace, il est devenu « l’homme de (sa) vie », à tel point que c’est à la première personne du singulier qu’ Isabelle Bunisset a eu l’audace et le mérite de réussir à écrire son premier roman, à Céline consacré – à tout seigneur tout honneur – « Vers la nuit » (Editions Flammarion), les derniers pas, les derniers mots du dernier jour qui mènent au bout de la nuit!
Isabelle Bunisset, déclarant que la littérature « ce n’est que des mots » se défend, à juste titre, d’avoir voulu passer un message. C’est l’homme de lettres, celui qui « a libéré le langage », dont l’histoire entachée reste « l’histoire magnifique » d’un homme qui, avec ce roman, lui a permis « d’aller au bout d’elle-même », la dérision et la tendresse qu’elle y a débusquées, la hargne aussi, mais surtout le souci de la langue vraie, du rythme de l’écriture et de la lecture, la construction du récit autour des idées et des émotions, c’est la force tragique de l’homme écrivain qu’elle a voulu faire parler.
« Céline. Parler de lui ? Tout a été dit ou presque sur l’écrivain. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il est là. Incontestable, même lorsqu’il est contesté. Parler pour lui ? Fendre le masque marmoréen du monument, tenter de regarder l’homme derrière, de capter un filet de voix mourante ? Non, il ne s’agit ni de parler pour lui ou comme lui, mais de parler avec lui. Foin du marbre, de la grande statue dont l’ombre elle-même est si immense qu’elle écrase tout. Chair à chair, pour une fois. Se glisser dans les interstices, chercher à les remplir comme le ferait un ami venu le visiter en toute humilité, l’ami fût-il anonyme. Rester au chevet du malade, auquel le temps paraît bien court – et une éternité, pourtant.
Nauséabond, soit . Jusqu’à l’os, parfois. Propre sur lui, rarement. Probe, à sa façon, certainement, vulnérable toujours : Céline tel qu’en lui-même, tel que je le vois, dans sa nuit, la dernière. »
Isabelle Bunisset, dont la famille maternelle est de Monflanquin, a bien connu et a souvent parcouru les rues de Villeneuve sur Lot pendant sa jeunesse insouciante -elle ne connaissait pas encore Céline!
Elle n’imaginait pas y revenir pour parler de lui, pour l’accompagner dans nos esprits critiques, rétifs, curieux, exaltés.
Livresse lui a suggéré, elle a répondu oui aussitôt, enthousiasmée de venir à la rencontre des lecteurs villeneuvois, de donner son point de vue, d’en discuter, dialoguer et continuer de tracer la voie bien qu’elle ait, nous dit-elle, tourné la page…?
L’auteure dédicacera son livre, en vente à Livresse dès aujourd’hui!
Admiration, Répulsion, Curiosité, venez participer à cette exceptionnelle soirée consacrée à la littérature, celle d’un écrivain hors du commun et d’une auteure passionnante !
A la fin de la soirée Livresse offrira aux fins amateurs, un cannelé et un verre de Bordeaux, tous deux choisis par Isabelle Bunisset, également experte en la matière!…
Avant ce premier roman, Isabelle Bunisset a écrit avec Michel Rolland « Le Gourou du vin », elle a également réalisé avec le dessinateur Guiseppe Liotti une BD intitulée « Vin, gloire et beauté » (tous deux aux édtions Glénat), puis « Le Cannelé, ce mystère nommé désir » (Editions Féret).
Pour prolonger cette présentation, vous pouvez trouver ci-dessous un portrait d’Isabelle Bunisset par « AllezBordelaises », un article d’Isabelle Bunisset sur Céline datant de 2012, Un article d’Alain Cotte sur Céline résumant les différents point de vue sur cet écrivain maudit, des critiques littéraires parues sur le roman « Vers la nuit », et enfin un résumé de la thèse d’Isabelle Bunisset « La dérision dans les premiers romans céliniens » :
Finalement, le prince charmant existe dans les châteaux ! Portrait d’Isabelle Bunisset
Un esprit vif dans un corps gracile, une élégance naturelle patinée de provocation, un désir fou de transgresser quelque peu les codes, voici qui pourrait caractériser Isabelle Bunisset, auteur du roman graphique comme l’indique Bernard Magrez qui signe la préface de l’ouvrage « Vin, gloire et bonté ». Une BD qui vient de paraître aux éditions Glénat et donne l’impression de pimenter quelque peu Vinexpo, le grand salon mondial des professionnels du vin.
La parisienne
Dès les premières pages, on plonge dans un appartement Haussmannien à deux pas de la Tour Eiffel pour découvrir l’héroïne, terriblement nommée Annabelle de la Poisse, journaliste et fille à papa, déprimée car en plein divorce, ne résistant à la léthargie de ses deux ados qu’en se juchant sur ses Stilettos et en se bourrant de Lexo. Forcément, le décor est planté et on se doute que la parisienne (au passage, joliment croquée par un jeune dessinateur italien installé à Bordeaux, Giuseppe Liotti, qui se révèle doué dans l’exercice, sans doute l’habitude des familles à la Visconti…) va tailler sévèrement les croupières des bordelais…
Mais au fait, la charmante journaliste (peu inspirée car surmenée) a un air d’Isabelle non ? Belle brune aux yeux clairs, carré droit et globalement « très stylée » comme disent les ados ! Voilà qui donne envie d’aller plus loin et de lire la BD jusqu’au bout…
Quand « de la Poisse » arrive à Bordeaux, le chauffeur de taxi lui parle de Juppé qui a transformé la ville (j’adore…, la journaliste s’en moque). Puis nous voilà partis dans les terres à la découverte des grands crus dont les appellations sont à peine déguisées.
Personnellement, je m’amuse car je connais peu ce milieu mais franchement, on tire à boulet rouge et je crois que tout le monde est servi. Courtiers, négociants, propriétaires, journalistes… Tous ramassent et les textes sont saignants. La méchanceté n’a d’égal que la jalousie dans ce monde impitoyable pour qui n’est pas averti et on se félicite, de ne pas être née châtelaine.
Extraits :
« Entre deux révélations fracassantes, elles grignotent quelques bouchées aussi fripées que leurs mains couvertes de bijoux, dont l’énorme chevalière sur laquelle sont gravées les armoiries de la famille dégénérée »… A cet instant, je pense, Mauriac, sort de ce texte ! J’ai bien ri aussi en lisant : ils « parlent trois langues : le français, bien sûr, l’anglais de temps en temps et le sous-entendu en permanence ».
C’est amusant et je crois que l’on pourrait plaquer cette même histoire sur tous les milieux auxquels nous n’appartenons pas et qui véhiculent ce qui n’existe plus dans notre société : une légende. Et bien oui « Vin, gloire et bonté » est certainement la suite contemporaine de la Belle au Bois Dormant car figurez-vous que le prince n’est pas loin. Il arrive en page 102 sous le prénom d’Andréas, fils d’Aimée de la Taigne (ça promet) et il est sacrément beau gosse. Rien d’étonnant au fait qu’après cette rencontre à Saint-Emilion, nous filions dans un loft géant aux Quinconces pour une rencontre charnelle qui prendra son envol au Ferret. La balade au Banc d’Arguin achève la lectrice qui a l’évidence se dit qu’il reste au cœur des vignes quelques belles âmes à séduire.
Le goût du risque
Un regard faussement ingénu, une naïve qui ne l’est pas vraiment, voici qui va plaire aux femmes affirme Isabelle. Et puis, il y a de l’humour et de l’esprit, cela fait rire tout le monde et ce n’est pas pour déplaire à l’auteure universitaire et docteur es lettres, spécialiste en dérision Célinienne. Ce n’est pas rien !
Paraîtra d’ailleurs en janvier 2016 son roman chez Flammarion « Vers la nuit » (titre provisoire) qui mettra en mots la dernière nuit de Céline. Comment sortira-t-elle de cette aventure ? Intacte ? Il faut craindre que s’attaquer au monument intouchable que représente l’auteur de Voyage au bout de la nuit puisse en offenser certains. Pas nous !
Et puis, ce n’est pas grave, Isabelle n’a même plus peur… et ça se sent.
MLHN – ALLEZBORDELAISES
DIMANCHE 18 MARS 2012
Le maître et le professeur par Isabelle Bunisset – Sud Ouest – 18 mars 2012
Dans les années 1950, un jeune Américain juif, Milton Hindus, cherche à comprendre Céline pour l’avoir admiré. Fiasco. Ce professeur à l’université de Chicago qui reconnaissait à l’auteur du « Voyage » d’avoir donné à la littérature « un frisson nouveau » finit par exécrer l’écrivain français. La haine serait-elle contagieuse ?
L’histoire avait pourtant bien commencé. Début 1947, il lui envoie des lettres enthousiastes et de menus cadeaux. Il souhaite mener une véritable croisade en sa faveur afin qu’on reconnaisse son « génie littéraire » et que soit réédité « Mort à crédit ». Céline, alors durement éprouvé par son incarcération, crevant de froid et d’oubli dans sa baraque au Danemark, ne peut négliger une telle aubaine : « Vous faites merveille. Vous me faites revivre aux USA. C’est le miracle. »
Milton Hindus entreprend alors le grand voyage. Trois semaines auprès du maître à l’observer, à retranscrire ses vaticinations, palinodies et autres gracieusetés. Mais l’admiration vieillit vite. Le 11e jour, premières escarmouches : « Céline est une vipère » ; le 23e : « Il m’a rendu aussi fou que lui » ; le 24e : « Juifs et aryens… tous les mêmes ». Le rideau est tiré, la scène jouée. Mais le professeur n’a pas saisi son rôle.
Géant estropié
Il est vrai que Céline n’a jamais tenu en estime l’université, grande pourvoyeuse de fumée et de « ratés ». Afin de se venger, le professeur publie « Le Géant estropié ». Le 23 août 1949, Céline lui répond : « Je ne vous ai fait aucun mal et vous m’assassinez. » Il l’accuse de l’avoir trahi, menace de lui intenter un procès et se plaint au président de la Brandeis University, où Hindus enseigne.
Tel était Céline, retors, rusé, grossier mais aussi délicat prosateur. Paul Morand l’avait pressenti : « Céline n’a pas d’amis, sur terre ni au ciel. » Le lecteur doit demeurer son seul confesseur. C’est pourquoi l’essentielle valeur de ces missives réside dans le dévoilement d’un art poétique, d’une profession de foi, d’un attachement filial pour la langue française. De telles confidences préfigurent le génial « Entretiens avec le professeur Y ».
Au-delà des échanges musclés, on apprend comment Céline cisèle les mots, les agence, les ajoure pour les « brancher sur l’émotion » et les rendre enfin vivants. Passionnantes également, les révélations sur la musicalité de son écriture : « Je saurais s’il le fallait faire danser les alligators sur la flûte de Pan. » Sans doute s’agit-il là d’une des plus instructives correspondances sur les chausse-trapes littéraires et l’infini labeur d’un « style » : « Forcer le rêve dans la réalité, […] tout est fait hors de soi – dans les ondes je pense. C’est un labeur bien ouvrier – ouvrier dans les ondes. »
Certes, d’autres écrivains ont été plus aimables et coopératifs, mais aucun n’a su écrire plus juste et plus fort. Céline nous a fait passer d’un siècle à l’autre. Ce n’est pas rien. Les chevaux, quand ils sont de bonne race, ne se prêtent qu’à l’impétuosité. Céline le plus intime, il est là, dans ce combat amoureux avec les mots.
Isabelle BUNISSET
Louis-Ferdinand Céline (1894 – 1961)
Céline est sans doute l’un des auteurs du XXème siècle qui a suscité à la fois le plus d’engouement et d’indignation. Personnage contesté et contestable, il n’en demeure pas moins un écrivain majeur de la première moitié du XX siècle.
Son premier roman, Voyage au bout de la nuit , qu’il publie en 1932 lui vaut une notoriété immédiate. Son style parlé, l’abondance de son vocabulaire, lefoisonnement de ses personnages, son réalisme , sa violence, l’enfer ordinaire qu’il décrit, font l’effet d’une bombe.
A la fin des années trente, Céline prône la haine raciale au travers de terribles pamphlets, notamment Bagatelles pour un massacre (1937) et l’École des cadavres (1938) qui « mêlent des pages d’une confondante beauté, sur l’écriture ou la danse, à des satires d’une rare virulence contre les Juifs ». Pendant la guerre il affiche un soutien public et sans ambiguïté à la collaboration, sans pour autant adhérer à un parti ou remplir de fonction officielle. Ses pamphlets lui vaudront, à la fin de la guerre, d’être rangé parmi les collaborateurs. Cette attitude fait de lui, pour longtemps, un auteur maudit. Il faudra attendre 1957, après des parutions diverses passées inaperçues, pour le voir resurgir dans l’actualité littéraire avec D’un château l’autre. Une interview dans l’Express et la très populaire émission littéraire de Pierre Dumayet Lecture pour tous le font renaître.
Louis-Ferdinand Céline meurt à Meudon le 1er juillet 1961, suite à une hémorragie cérébrale. Son décès n’est annoncé par la presse que le 4 juillet, après son inhumation au cimetière de Meudon.
Beaucoup d’écrivains ont témoigné leur admiration ou leur répulsion à l’égard de Celine. Jean-Louis Bory décrit ainsi sa fascination et son rejet pour l’écrivain et son œuvre : » L’outrance dans les thèses, l’impudence dans les arguments me paraissaient haïssables, je les haïssais donc. Avec application je me fermais les oreilles et le cœur au lyrisme satanique des pamphlets. Devant ce Pierrot-Arlequin à la mesure de notre planète, à la fois athlète et saltimbanque, sanglotant et rageur, pitoyable et grotesque, admirable et odieux, je n’accepterai plus que de me blesser aux éclats de son mauvais rire. Mais que j’ouvre le Voyage, Mort à Crédit – ou, plus tard, D’un Château l’autre ou Nord, ma rancune s’évanouissait «
Alain Cotte
INFO CULTURE par Thierry Fiorile lundi 8 février 2016
C’est son premier roman, « Vers la nuit » chez Flammarion et elle est sacrément gonflée : Isabelle Bunisset écrit à la première personne du singulier et ce « je » c’est Louis-Ferdinand Céline.
C’était un pari fou, franchement casse gueule, mais Isabelle Bunisset le réussit. Pendant 15 ans, pour préparer sa thèse, elle est universitaire à Bordeaux, elle a vécu avec Céline et dans ce court roman, très rythmé, elle est l’écrivain maudit entre le 30 juin 1961 à 16h00 et le 1er juillet 5 heure du matin, quand il passe l’arme à gauche. Nous sommes dans sa maison de Meudon, Céline souffre, divague et il peste, encore, contre la terre entière, son destin, son exil, Gaston Gallimard, Françoise Giroud, Jean-Paul Sartre, les journalistes. Isabelle Bunisset ne le juge pas, elle l’imagine, incapable de trouver la paix, il veut juste finir « Rigodon » son livre testament et ne se repend pas de ses écrits antisémites.
Une écriture particulièrement ciselée
Le piège était de singer le style de Céline, Isabelle Bunisset est dans un entre-deux qui fonctionne car c’est une voix intérieure fictionnelle, page 77 elle écrit: « C’est la vie qu’il faut refoutre en ordre, pas ceux qui la regardent en face. Quand on se penche sur la page, on demande à comprendre, à souffrir moins, à se réconcilier. Quand vous avez tâté de la chair flasque et gangrenée, c’en est fini de pontifier ». Le rapport de l’auteur du voyage au bout de la nuit, au langage parlé, c’est l’un des enjeux de ce livre. Si Céline a donné une voix aux sans –voix, à cette populace qu’il estimait bien plus que les élites littéraires, c’était au prix d’un travail énorme d’écriture, ciselant la musique de chaque phrase. D’une certaine façon Isabelle Bunisset fait un voyage à rebours, elle part des livres laissés par l’auteur, qui la hantent, remonte le temps et s’immisce dans cette dernière nuit d’agonie dans son esprit, là où résonnait le parler de la rue, là où il le mettait en forme, inventant une langue qui n’existe pas et dont l’écho continue de nous fasciner.
« Vers la nuit » d’Isabelle Bunisset, chez Flammarion
Roman. Monologue du déclin
Vers la nuit, d’Isabelle Bunisset, Flammarion,
Isabelle Bunisset ne réhabilite pas Louis-Ferdinand Céline, elle ne l’excuse pas, ne l’encense pas, ne parle pas à sa place, ni comme lui, mais « avec lui ». Son premier roman, Vers la nuit, est une gageure : il est écrit à la première personne du singulier et le « je » du narrateur est celui de l’auteur de Mort à crédit, lequel arrive au bout de sa nuit. Nous sommes le 30 juin 1961 ; dans quelques heures, il va mourir et il a peur. Au seuil de la mort, pourtant, il ne renie aucun de ses engagements nauséabonds, trouve encore la force de fulminer contre la terre entière et de terminer Rigodon, son testament littéraire. A l’aube du 1er juin, c’est fait, un petit miracle. « Le coup de sifflet du paradis » ? A moins que ce ne soit celui de l’enfer ! Bunisset ne pastiche pas l’immense styliste – ce serait grotesque –, elle ne tente pas d’écrire ce qu’il a tu, ne veut pas fendre le « masque marmoréen du monument ». Elle restitue avec talent le monologue intérieur d’un agonisant génial. Vincent Roy – Le Monde
D’ici la fin de l’année, Livres Hebdo présente chaque jour un premier roman de la « rentrée littéraire d’hiver ». Aujourd’hui Vers la nuit, d’Isabelle Bunisset, qui fait partie de la sélection du Grand prix RTL Lire 2016.
« Villa Maïtou, 25 ter, route des Gardes, Meudon, 30 juin 1961 16 heures : Il me faut encore repousser ses avances« . C’est la première phrase du premier roman de la journaliste Isabelle Bunisset, Vers la nuit, qui paraîtra le 13 janvier aux éditions Flammarion.
Sous des airs de biographie romancée, ce livre situe son histoire le 30 juin 1961, dans la mansarde de Meudon de Louis-Ferdinand Céline sur le point de mourir. Mettant un point final à Rigodon, son roman testament, il évoque son parcours littéraire, ses déconvenues et sa déchéance.
Vers la nuit fait partie des 4 premiers romans en lice, parmi dix titres de la rentrée de janvier-fevrier 2016 sélectionnés, pour le Grand prix RTL Lire qui sera proclamé lors de la prochaine édition de Livre Paris (17-20 mars 2016). Isabelle Bunisset retrouve en effet trois autres primo-romanciers dans cette compétition : Philippe Rahmy, Olivier Bourdeaut et Marc Trévidic.
Isabelle Bunisset Thèse
Résumé : Cette étude a pour visée d’analyser le fonctionnement de la dérision selon une double perspective :l’écriture et l’imaginaire. Il s’est agi, non pas de donner une définition de la dérision , mais d’en dégager les phénomènes et les traductions formelles, d’en déterminer les motivations et les implications intimes, et de révéler l’extraordinaire puissance d’un tel comique qui se situe autant dans les forces vives de l’écriture que dans le déferlement d’un imaginaire débridé. La dérision n’a jamais cessé d’être pour nous la possibilité d’une voie royale menant au texte célinien, à ses richesses, ses profondeurs et ses zones d’ombre. Notre étude aura donc pour tâche de cerner la dérision célinienne, dans sa nature, sa tonalité parodique, sa finalité subversive. Puis notre étude proposera quelques pistes thématiques qui renseignent sur l’imaginaire propre à cette dérision. Dans ces romans, la dérision et la mort ne sont qu’un seul élan et une seule perception confondus. C’est ainsi que l’univers entier est gouverné par l’obsession de la mort, qu’il s’agisse de l’existence fébrile des hommes ou de la dégradation inéluctable du monde matériel. La dérision célinienne ne cesse de ressasser à même le texte cette fatalité atroce et grotesque qui unit les êtres et les choses Nous révélerons aussi cette complicité avec l’univers matériel qui est le défi de l’artiste, la rançon de son éternité. Nous tenterons de prouver que la singularité de la dérision célinienne réside dans l’intensité d’une écriture qui offre un puissant démenti au pessimisme ambiant, et qui ne cesse de combattre la mort dans les mots, dans ce mélange détonant de fougue et de tristesse, de désespoir tonique et de plaintes sarcastiques. Dans un premier temps, nous tenterons d’appéhender la dérision, cette fois-ci du côté des circonstance d’une vie et d’une pratique artistique.